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janvier - juin 2002

  Sur la grand-route
de Anton Tchekhov
mise en scène Antoine Caubet

du 24 janvier au 17 février 2002
durée 1h15 sans entracte
 
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traduction Simone Sentz-Michel Antoine Caubet • mise en scène Antoine Caubetscénographie et costumes Isabelle Rousseau • assisté de Emmanuelle Premel-Cabic • lumière Antoine Caubet et Yvan Boivin • assistant lumière Bertrand Llorca

avec
Gaël Chaillat • Cécile Cholet • Vincent Dupont • Jacek Maka • Christian Montout • Elisabeth Moreau • Anthony Paliotti • Jean Pennec • Etienne Pommeret • Marie-Pierre Revelut.

coproduction Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis • Centre dramatique national • Le Théâtre Cazaril • Le-Maillon Théâtre de Strasbourg • avec l’aide à la création de Thécif-région Ile-de-France l’aide à la production de la DRAC Ile-de-France et la participation artistique du Jeune Théâtre National.

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(C) Bellamy

Sur la grand-route a été programmée à l’initiative de Stanislas Nordey.

Ceux qui restent.
Ils passent… vont d'ici, cet improbable endroit « d'où l'on est », à là-bas… Jérusalem pour le pèlerin, une famille pour l’un, une affaire en ville pour l’autre, un lien si ténu soit-il qu'on a avec la vie comme elle va. Ce soir, ils se sont les uns après les autres réfugiés dans un abri, quelques planches sur le bord de la route où l'on peut passer la nuit au sec sur des bancs. Dehors c'est la fin de l'automne, il pleut, il vente, il fait froid et noir. Demain ils repartiront sur la route,
anonymes, séparés. Ils sont là, ensemble et solitaires.
Des voix fusent, des mots de rien, de petites histoires, une prière, le silence, un verre et une cigarette en attendant qu'on dorme un peu sur un banc. Certains n'ont rien dit, ne diront rien. Rien que l'humaine présence : premier théâtre.
Bientôt, tout doucement, Tchekhov concentre l'écriture sur l'un d'eux, ivrogne désargenté que l'on rudoie, renvoie,
refuse. Puis on apprend son histoire, et c'est toujours la même histoire pour tous, lamentable et dérisoire, une toute petite histoire, celle d'un homme délaissé par une femme et qui chute. Cela aurait pu être l'histoire de cette femme-là dans un coin et dont on ne saura rien, c'eut été alors…
Et voilà que face au malheur ordinaire, les solitaires et les anonymes se reconnaissent, se retrouvent et les voilà ensemble célébrant d'un verre offert, d'une place cédée à l'ivrogne pour qu'il dorme et oublie, leur communauté,
communauté infime et chaude, brutale et essentielle : second théâtre.
Et puis, troisième théâtre, sacrifice de Tchekhov au théâtre, la femme en question passe dans ce refuge ce soir-là. Moment improbable, rêve ou cauchemar de l'ivrogne, impossible rencontre, elle manque d'être tuée, châtiée par un autre, éclats, cris, voix dans la pénombre, elle s'enfuit, c'est fini, cela aura duré quelques minutes, tous sont là et attendent le jour pour repartir. C'est fini.
Cela aura duré une heure et quart, le public aura été près des acteurs car il faut être proche pour voir le petit, entendre la pauvre voix, il aura été assis sur les mêmes bancs que les acteurs, et lui aussi aura été convié à la naissance du lien, à la communauté d'un instant, celui où les êtres séparés se vivent comme espèce humaine, ceux qui restent.

Antoine Caubet