(…) La Tragédie du Vengeur est un tableau sulfureux,presque "gore" avant la lettre, de l'infamie et de la luxure, que le jeune metteur en scène Richard Brunel déploie dans tout l'espace du Théâtre de Saint-Denis, des sous-sols aux derniers gradins de la grande salle en passant par les coulisses et les escaliers dérobés, mêlant les spectateurs à l'action. Mise en scène distanciée, presque parodique, qui fait apparaître les mécanismes sanglants de la vengeance dans toute leur dérision.
Le Monde. Mardi 3 juin 2003

(…) Le théâtre élisabéthain raffolait de ces noces barbares entre scène et sang. Une manière d'exorciser les violences de tout un chacun. Histoire de redonner son spectaculaire à cette effroyable épopée, Richard Brunel fait voyager le public dans tout le Théâtre de Saint-Denis, de la cave à la corbeille. Géographiquement redécoupée dans des coins et recoins sombres, l'action offre des angles inattendus, et la mise en scène, des images fortement stylisées. Tandis qu'au son de deux accordéons, les acteurs se débattent avec leurs personnages monstres, le spectateur retient son souffle, fasciné par tant d'horreur.
Télérama. Fabienne Pascaud. Mercredi 4 juin 2003

(…) La scénographie de Paula Licastro est d'une fluidité impeccable et réussit la gageure de ne jamais laisser filer l'attention ni se dissoudre la tension dramatique. Les éléments de décor, à la fois suggestifs et sobres, s'accordent admirablement à l'espace en chantier du Théâtre Gérard Philipe, qui apparaît comme le cadre idéal de cette déréliction de monstres aux cœurs impurs et aux âmes malades. Les comédiens sont tous à la hauteur de cet ambitieux pari et servent le texte avec une fougue incroyable. (…) Comme prisonnier d'une fosse commune qu'il ne quitte qu'à la fin du spectacle, dans le confort retrouvé et la mise à distance des fauteuils de la salle, le public est emporté dans le tourbillon émétique de la haine et du crime pendant presque trois heures de suspense et de jubilation cathartique.
L'ensemble constitue un spectacle puissant et original à ne rater sous aucun prétexte !
THEATREon line. Catherine Robert

(…) L'aventure que propose la mise en scène rougeoyante du décapant Richard Brunel flirte avec les charmes de la déambulation physique. Le spectateur descend dans les bas-fonds de la vengeance tramée - chez Vendice - avant de remonter dans l'espace faussement lumineux de la Cour (…) Un plaisir ludique enfantin qui use des masques de BD, du théâtre de Guignol et des hauteurs du théâtre, dans un rythme d'enfer. Pour jouer.
La Terrasse. Véronique Hotte. Juin-juillet 2003

Tout pour le Théâtre
À quatre ans il voulait faire l 'acteur. À dix-huit, la bac en poche, il n'était pasquestion d'autre chose que le théâtre. Richard Brunel aime le théâtre, et son théâtre. La preuve en est sa dernière mise en scène, qui regorge de théâtre.
Toujours est-il que cette extravagante Tragédie du Vengeur vue sous tous ses angles n'inspire pas l'ennui, bien au contraire. La pièce est totalement baroque et se prête à toutes les folies. Le metteur en scène ne s'en prive pas, et d'inventions en clins d'oeil, jette des seaux de sang sur l'incandescence du drame. C'est avec distance et humour qu'il traite le tragique, le déformant à la manière de miroirs de foire, les morts s'accumulant, formant une panoplie de squelettes insensés et drolatiques. Des débordements de la jeunesse naît un imaginaire nouveau, celui de Richard Brunel est riche, contrasté et espiègle.
Théâtres. n°9. Hervé Pons. juin-juillet-août 2003.