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) Le théâtre élisabéthain raffolait
de ces noces barbares entre scène et sang. Une manière d'exorciser
les violences de tout un chacun. Histoire de redonner son spectaculaire
à cette effroyable épopée, Richard Brunel fait voyager
le public dans tout le Théâtre de Saint-Denis, de la cave
à la corbeille. Géographiquement redécoupée
dans des coins et recoins sombres, l'action offre des angles inattendus,
et la mise en scène, des images fortement stylisées. Tandis
qu'au son de deux accordéons, les acteurs se débattent avec
leurs personnages monstres, le spectateur retient son souffle, fasciné
par tant d'horreur. (
) La scénographie de Paula Licastro est d'une fluidité
impeccable et réussit la gageure de ne jamais laisser filer l'attention
ni se dissoudre la tension dramatique. Les éléments de décor,
à la fois suggestifs et sobres, s'accordent admirablement à
l'espace en chantier du Théâtre Gérard Philipe, qui
apparaît comme le cadre idéal de cette déréliction
de monstres aux curs impurs et aux âmes malades. Les comédiens
sont tous à la hauteur de cet ambitieux pari et servent le texte
avec une fougue incroyable. (
) Comme prisonnier d'une fosse commune
qu'il ne quitte qu'à la fin du spectacle, dans le confort retrouvé
et la mise à distance des fauteuils de la salle, le public est
emporté dans le tourbillon émétique de la haine et
du crime pendant presque trois heures de suspense et de jubilation cathartique. (
) L'aventure que propose la mise en scène rougeoyante du
décapant Richard Brunel flirte avec les charmes de la déambulation
physique. Le spectateur descend dans les bas-fonds de la vengeance tramée
- chez Vendice - avant de remonter dans l'espace faussement lumineux de
la Cour (
) Un plaisir ludique enfantin qui use des masques de BD,
du théâtre de Guignol et des hauteurs du théâtre,
dans un rythme d'enfer. Pour jouer. Tout pour le Théâtre
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