Tout observateur attentif de la politique culturelle du pays sait que ces théâtres ont été, il y a peu, questionnés dans leur existence. Combien ai-je rencontré de ces interlocuteurs sceptiques sur l’avenir de ces« lieux problématiques » ? Ils le redeviendront si, avec les collectivités locales qui les ont voulus et les soutiennent, l’État ne reconnaît pas que la mission d’un Centre
dramatique national est équivalente à celle d’un Théâtre national, avec, pour la conduire, des budgets incomparablement plus modestes qui n’ont pas été reconsidérés depuis bientôt dix ans. Ceci ne relève pas d’une posture d’opposition de principe. C’est la réalité comptable des Centres dramatiques nationaux en banlieue. De cette réalité dépendent la vie scénique, l’emploi artistique et la réussite publique. On demande beaucoup aux Centres dramatiques nationaux des banlieues parce qu’il y a beaucoup à faire et parce qu’on est impatient de tenir la preuve que ce faire est possible. Si l’on veut poursuivre l’aménagement du territoire, si l’on veut enrayer le mouvement du descenseur culturel, si l’on est convaincu que les ressources humaines sont la richesse des banlieues, l’équipement et les moyens de leurs Centres dramatiques nationaux doivent être examinés avec une attention objective. Je quitterai le Théâtre Gérard Philipe avec la sensation de n’avoir fait que passer et de n’avoir jamais travaillé qu’à l’urgence, tant j’ai chaque jour eu conscience de ce qu’il y avait à faire et tant j’ai eu le sentiment de ne pas faire assez. Six ans ne sont pas peu de chose et cependant passent si vite ! Je souhaite à Christophe Rauck et à tous ceux qui l’accompagneront la réussite publique la plus chaleureuse et j’espère que les efforts, que je n’ai pu plus longtemps conduire, leur seront de quelque utilité. Alain Ollivier |
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