2011 - 2012

Une nouvelle saison, de nouveaux spectacles, des artistes que l’on retrouve, d’autres que l’on découvre.
J’aime les artistes à la bougie, ceux qui savent tenir en respect la lumière pour fabriquer dans l’ombre les spectacles imaginés à partir d’inspiration et de sueur. Pas de paillettes, juste une boule à facettes pour nous faire découvrir l’éclat d’une œuvre, la vision d’un auteur.
Trop de lumière brûle le mystère de l’évocation. La nuit fait le théâtre, elle est la page noire d’un rêve qui s’éclaire peu à peu à force de persévérance et de talent, pour donner naissance à cette petite musique irrévérencieuse des artistes au travail.
Ce sont ces «petits airs de rien» que nous proposons chaque saison. Ici, pas de grandiloquence, juste le battement d’ailes de celle ou de celui qui ose prendre le temps de révéler ce que l’on n’a pas su voir ou entendre, et qui, par l’impertinence et la malice de ses regards en biais, provoque souvent une symphonie.
Notre talent, c’est aussi d’entendre le territoire sur lequel nous vivons non pas comme une particularité que l’on exporte mais une singularité qui se travaille.
Saint-Denis n’est pas une terre messianique, elle n’a pas besoin de nos bons sentiments et se défie de ceux qui l’instrumentalisent.Saint-Denis n’est pas une banlieue, c’est une ville, une vraie, qui, malgré ses problèmes, respire et vibre à la vitesse du son. C’est un magnifique terrain de jeu et d’expérimentation pour penser ou repenser avec nos contemporains la nécessité et la force du théâtre. Ici, pas de posture idéologique ni de démagogie politique, les raccourcis deviennent vite obscènes et les prises de position de ridicules numéros d’histrions.
Ce qu’il faut, c’est juste assez d’irrévérence pour se moquer de nous en parlant des autres, sans prêter le flanc à la bêtise.

Christophe Rauck
Metteur en scène et directeur du TGP-CDN de Saint -Denis